Inégalités Épistémiques dans la Construction des Connaissances sur la Solitude des Personnes Âgées
Dans le domaine du vieillissement, les inégalités épistémiques dans la construction des connaissances sont un sujet crucial, notamment en ce qui concerne la solitude chez les personnes âgées. Joan Casas Martí, de l’Université de Barcelone, a abordé ce sujet lors du III Congrès Catalan d’Anthropologie, dans le cadre du symposium « Desigualtats socials i injustícies epistèmiques: Ètica i reflexivitat entorn de la recerca en antropologia », tenu en janvier 2024.
Une Approche Innovante en Anthropologie et Travail Social
L’étude de la solitude chez les personnes âgées a été largement abordée dans des disciplines telles que la psychologie et la sociologie, généralement avec une approche quantitative. Cependant, la complexité croissante de ce phénomène nécessite l’adoption de nouvelles perspectives, y compris des approches qualitatives reconnaissant l’agentivité des personnes âgées dans la construction de significations, des approches critiques dépassant la vision réductionniste de la solitude comme un problème individuel, ainsi que des approches appliquées visant à trouver des stratégies efficaces pour aborder ses causes et ses maux.
L’Éthnographie dans le Travail Social
La recherche présentée par Joan Casas Martí repose sur une approche ethnographique réalisée de première main, exploitant son expérience en tant que travailleur social dans un centre hospitalier. Cette approche lui a permis d’approfondir des formes spécifiques de solitude liées aux transitions de vie et à la crise du modèle de soins. La recherche vise deux objectifs principaux : comprendre les solitudes des personnes âgées utilisatrices de différents services sociaux et contribuer à la conceptualisation et à la méthodologie d’intervention du travail social en lien avec la solitude.
Valorisation du Travail Social
Le travail social joue un rôle fondamental dans la contribution à la connaissance sur la solitude chez les personnes âgées, un domaine prioritaire mais souvent relégué face à des savoirs plus légitimés. Ce domaine a la capacité de faciliter des espaces et des processus de construction collective de connaissances, soulignant l’importance d’établir un dialogue égalitaire avec les personnes âgées utilisatrices des services et des ressources d’assistance.
Défis et Réflexions
Le principal défi réside dans la nécessité d’établir des relations de confiance et de surmonter les formes oppressives de production de connaissance, en abordant les relations de pouvoir sous-jacentes dans l’aide sociale. De plus, il est crucial de reconnaître les difficultés d’approcher une population qui présente souvent des situations d’isolement et de méfiance.
Conclusion
La position du travail social par rapport à d’autres disciplines ne doit pas annuler son privilège dans le travail direct avec les personnes prises en charge, ni sa responsabilité dans la surveillance épistémologique. Cette dynamique invite à réfléchir sur la nature relationnelle des inégalités épistémiques et à considérer les multiples dimensions qui interviennent dans la construction des connaissances collectives dans le contexte du travail social, des services sociaux et des politiques sociales.