"Comme on s`avançait dans
l`hiver 1793-1794, la pénurie s`aggravait. (...) On protestait de plus en
plus ouvertement, dans les queues, contre les commissaires chargés des distributions
et les soldats qui les accompaignaient; on les soupçonnait de se servir largement
pour leur compte. (...) Les cries des manifestantes impressionnaient davantages
les observateurs de police. Ils commencèrent à suggérer que ces harpies criant
famile étaient payées par "la conspiration" pour susciter la guerre civile.
Cette violence féminine suscitait peurs et rumeurs. Le bruit courut à la Halle,
fin mars 1794, que les femmes de l`hôpital de la Salpêtrière s`étaient soulevéses.
Les uns prétendaient qu´il en étair sorti huit cents et qu´elles avaient égorgé
la garde. (...). Le 26 mars les femmes commencèrent à fomenter des émeutes.
Rue Saint-Martin des ouvrières s`en prennaient aux hommes, les traitent de
lâches: il fallait marcher sur la Convention disaient-elles.(...)Les réunions
se multiplièrent dans différents quartiers. Les revendications se précisèrent:
on réclamait du pain et l`application de la Constitution de 1793.La grande
manifestation eut lieu le 1º avril. ..Femmes et hommes des sections populaires
de l`Est parisien se mirent enfin en marche vers la Convention. ...Aprés avoir
exprimé leurs doléances, lorsque arrivèrent les détachements de la garde nationale
des quartiers de l`Ouest er des groupes de jeunes gens, les insurgés se retirèrent
calmement...Les troubles se résorbèrent les jours suivants, sous les coups
d`une répression ferme et large. Les thermidoriens en profitèrent pour se
débarrasser des députés jacobins survivants(...) Mais la disette de pain ne
cessa pour autant (...). On racontait que les rues étaient enconbrées de morts
de faim, que les suicides se multipliaient. ..L`agitation reprit vraiment
le 10 mai; ce jour là, cinq cents femmes dans la section Bonnet de la Liberté,
crièrent des slogans hostiles aux soldats "A bas les armes! Nous ne voulons
plus de soldats puisquìl n`y a plus de pain!".(...) Le 19 mai dans les sections
des Droits de L`Homme er des Quinze-Vingts, on parlé de marcher en masse et
en armes pour demander à la Convention Du pain ou la mort. Les femmes prirent
la tête du mouvement: c`est elles qui dans les faubourg Saint-Denis, allèrent
chercher les hommes dans les ateliers. La vague insurrectionelle monta toute
la matinée (...). Ici c`étaient les menagères faisant la queue pour avoir
du pain, ..Là on se saisissait d`un tambour pour appeler toutes les femmes
à marcher sur la Convention. Les femmes avaient obligé les magasins à fermer
et forçaient à les suivre toutes celles qu`elles rencontraient. Des hommes
armés les accompaganient. A quatorze heures, cette masse des femmes envahit
la convention; on les mit dehors. Elles revinret en force une heure plus tard,
accompagnées cette fois d`hommes armés: des insurgés avaient dévalisé des
armureries, obligé certains corps de la garde nationale à s`associer au movement.
Le député Feraud qui voulait s`interposer fut décapité par les émeutiers.
La victoire semblait acquise après ce coup de force. Mais l`Assemblée avait
appris à se défendre. Après avoir ployé sous l`orage, et semblé donner raison
aux émeutiers, elle se ressaisit (...).La répression, plus sévère encore que
pour germinal, se déroula dans un calme parfait. Envers les femme elle fut
assez lègère. Sauf pour la famieuse Aspasie, qui s`était vanée d`avoir achevé
Féraud de sa main, la guillotine ne fonctionna plus pour elle. (...) Le décret
du 23 mai qui renvoyait les femmes chez elles, fondait cerre décision sur
le motif qu`elles avaient été égarées ou poussées par les ennemis de la liberté.
Désormais la cause était entendue: plus de politique pour les femmes.(...)
On arrèta les jours suivants les femmes qui avaient tenu des propos violents
ou séditieux, avoir fait partie des clubs des femmes, des societés fraternelles,
avoir détenu chez soi des bustes de Marat ou de Robespierre, s`être déguisée
en homme, tout ceci pouvait qualifier la "vraie furie jacobine". Catherine
Marand-fouquet "Les femmes au temps de la Révolution".
Paris. Stock-Laurence
Pernoud. 1989. pags 274-280.