Faible succès de reproduction en 2012 pour la population d’Aigle de Bonelli de Catalogne

Comme les années précédentes, l’Équipe de Biologie de la conservation a effectué un suivi de la population catalane de l’Aigle de Bonelli au cours de la saison de reproduction (janvier-juillet). Il a permis d’estimer les principaux taux vitaux et de baguer les poussins.

Les résultats indiquent que la moyenne de la productivité (nombre de jeunes à l’envol par couple) des aigles territoriaux de Catalogne est de 0,9 jeune pour la saison 2012 (n = 49). C’est un niveau extrêmement bas comparé aux valeurs recueillies pour cette population au cours du temps et à celles des populations voisines. La productivité observée en 2012 est l’une des plus basses de ces 30 dernières années. Il faut remarquer qu’à partir de 2006, les valeurs de 5 années furent inférieures à celles des 3 dernières décades. La situation est particulièrement mauvaise dans la province de Barcelone où la valeur de la productivité est de 0,7 en 2012 : c’est la plus faible depuis 1982. La comparaison avec les populations voisines indique que la productivité n’a été inférieure à celle de Catalogne que dans les populations du nord et du nord-est de la Péninsule ibérique, qui sont actuellement à la limite de l’extinction locale.

Les basses valeurs de productivité en Catalogne sont dues à diverses causes dont les effets peuvent se conjuguer. En premier lieu, il semble que les années passées il y eut de façon générale une diminution de l’abondance des proies liée aux changements des habitats des aigles. Par ailleurs, le niveau élevé de la fréquentation humaine dans les zones de reproduction (randonnée, escalade, courses de vélos,…), particulièrement une fois la reproduction commencée, paraît être responsable de nombreux échecs. Il faut noter que 55 % des échecs recensés cette année se sont produits pendant l’incubation, ce qui représente une valeur très élevée (moyenne 2008-2012 = 40 %). Cependant, l’un des principaux facteurs affectant négativement la reproduction est le niveau élevé de mortalité des individus territoriaux. Il y a constamment des disparitions d’adultes cantonnés et les remplacements sont le fait d’individus inexpérimentés qui ne se reproduisent qu’après un an ou plus que la normale, et qui meurent souvent au cours de cette période, ce qui entraîne une dynamique très négative pour l’occupation des territoires et pour la reproduction.

Jusqu’à présent il y avait très peu d’informations sur la dynamique de chaque population ibérique de l’Aigle de Bonelli ; elles existent maintenant, ce qui permet de mettre en évidence des liens démographiques entre elles. D’autre part, dans le cas de la population catalane, nous ne connaissons que peu de choses sur la survie et les déplacements des jeunes, et nous ne savons pas s’ils sont capables d’occuper les sites devenus vacants à cause de la mort d’adultes.

Pour cette raison, pendant les périodes de reproduction allant de 2008 à 2012, l’Équipe a réalisé un marquage de 198 poussins par bagues conventionnelles permettant la lecture à distance, en Catalogne, Andalousie et Castille-et-León. Cette année, 39 poussins au total ont été bagués. Ils sont issus de 25 territoires de Catalogne (5 de la province de Barcelone, 4 de celle de Gérone et 16 de celle de Tarragone), et 3 de Castille-et-León. Nous espérons que ces individus pourront survivre et nous fournir des informations précieuses ce qui permettrait d’optimiser les actions destinées à améliorer l’état de conservation des populations de ce magnifique rapace.